Des estimations évaluent à plus de 20 milliards de dollars les destructions dans la région de Houston dues à la tempête Harvey. « À quelque chose malheur est bon », dit le dicton. Beaucoup affirment que les catastrophes naturelles, comme les ouragans, donnent un nouvel essor à l’économie, en raison de l’activité induite par les nécessaires reconstructions. Mais est-ce exact ? Et si oui, que pourra-t-on attendre des destructions des ouragans et tempêtes de cette saison ?
L’économiste français Frédéric Bastiat, qui est pour beaucoup le père de la pensée libérale, avait traité cette question en 1850 dans sa célèbre parabole de la vitre cassée. Que dit-elle ? Que le remplacement des biens matériels accidentellement détruits ne favorise pas l’activité économique, même si cela profite momentanément aux entreprises de génie civil et de construction. Car l’argent qui y est consacré aurait dû être dépensé sur d’autres choses, et ne sert qu’à ramener les propriétaires dans la situation où ils étaient avant la catastrophe. Autrement dit, ces remplacements n’enrichiront pas les propriétaires des biens détruits, au contraire, ils vont s’appauvrir des sommes qu’ils y consacreront.
Rebâtir Houston ne créera pas de nouvelle richesse, mais permettra seulement de restaurer ce qui existait déjà avant le passage d’Harvey. Et l’on ne sait pas comment l’argent qui sera affecté à ces reconstructions aurait pu être dépensé, mais l’on peut spéculer que cela aurait peut-être contribué à améliorer le bien-être de la population, par exemple, et généré à terme de la croissance.
La croissance après Katrina, Harvey et Sandy
Après le passage de l’ouragan Katrina, l’éminent économiste Nouriel Roubini avait même prédit qu’il fallait s’attendre à une récession. Mais les chiffres lui ont donné tort, comme ils ont donné tort à ceux qui anticipaient un boom pour l’économie, affirme la lettre économique de la banque américaine First Trust.
Elle rappelle qu’après le passage des ouragans Katrina (l’un des ouragans les plus puissants des Etats-Unis, qui a fait 1836 morts en 2005) et Sandy (210 morts en 2012), les Etats-Unis n’ont constaté ni récession, ni supplément de croissance. Au premier trimestre 2006, le PIB américain a crû de 4,9 % en rythme annuel, mais la croissance n’a jamais dépassé les 3 % dans les deux trimestres qui ont suivi Sandy, un rythme qui correspond peu ou prou au rythme de croissance normal à cette époque.
Là encore, les auteurs font appel à la théorie de Bastiat. Ils affirment que même si le supplément de croissance que l’on a enregistré au premier trimestre 2006 était dû à Katrina, il correspondait probablement à des achats de remplacement, et non à une nouvelle demande.
Ainsi, Harvey a détruit 500 000 véhicules, et les constructeurs automobiles constateront probablement une hausse de leurs ventes au cours des prochains mois. Mais même si ces ventes poussent le PIB à la hausse, elles ne représentent qu’une demande qui serait apparue dans d’autres secteurs si Harvey n’avait pas dévasté la région.
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