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« L’UE doit prendre une décision finale sur l’adhésion de la Turquie à l’UE. S’ils veulent nous écarter, ils doivent le dire, plutôt que de s’excuser encore et encore. Alors seulement à ce moment-là, nous déterminerons notre position. Il y a un embargo politique contre mon pays ».
C’est ce que le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré aux Global Business Forum de New York, organisé par l’agence de presse Bloomberg. Erdogan était interviewé par John Mickletwaith, rédacteur en chef de l’agence éponyme.
« Nous avons été boycottés par Merkel et… Sarkozy »
Erdogan a réagi face aux déclarations faites par le président de la commission Jean-Claude Juncker. Ce dernier a dit que la Turquie dérivait de plus en plus de l’UE. Remarquablement, le dirigeant turc a imputé la responsabilité de l’impasse actuelle à l’ancien président français Nicolas Sarkozy et à la chancelière allemande Angela Merkel :
« Avant qu’ils n’arrivent au pouvoir, nous négociions avec Jacques Chirac et Gerhardt Shröder. Tout allait bien. Mais quand Sarkozy et Merkel ont repris le flambeau, le nombre d’exigences pour l’adhésion est brutalement passé de 15 à 35. »
« Je vais vous dire quelque chose. Cela fait 54 ans que nous attendons une réponse. Peu de gens le savent, mais en 1959, nous étions candidat semi-officiel à l’adhésion de l’UE. En 1963, nous nous sommes officiellement portés candidat. Des pays qui ont présenté leur candidature après nous ont été admis en tant que membres. N’est-ce pas un manque de respect ? Où est l’intégrité ? On nous a menti et trompés. Il y a 2 ans, on nous a promis 3 milliards de dollars sur la question des réfugiés. Qu’avons-nous obtenu ? 820 millions. Mais nous avons tenu nos promesses. Merkel et Sarkozy nous ont bannis et ont proclamé l’embargo politique. Dites cela à Monsieur Juncker. »

Erdogan : tout le monde terroriste ?
Erdogan a également évoqué la question des journalistes emprisonnés dans son pays. Selon lui, il ne s’agit pas de journalistes, mais de terroristes et de voleurs.
« Ils disent qu’ils sont journalistes, mais certains d’entre eux ont été pris en flagrant délit en train d’essayer de voler des distributeurs automatiques de billets vides. D’autres sont des terroristes qui ont essayé de jeter des bombes. D’autres encore sont des espions. Ce n’est pas parce que vous dites que vous êtes journaliste que vous en êtes un. On dit ici aux États-Unis qu’il y a la liberté d’expression, parce que les médias peuvent ridiculiser Trump autant qu’ils le souhaitent. Savez-vous à quel point je suis tourné en ridicule dans mon propre pays ? Je suis constamment insulté ».
Toujours selon le dirigeant turc, les personnes qui s’inquiètent des droits de l’homme dans son pays feraient bien de venir en Turquie :
« En Turquie, le pouvoir judiciaire est indépendant. Cela signifie que toutes les personnes qui sont arrêtées recevront un procès équitable. En cela, ce n’est pas différent de l’Allemagne et des États-Unis, où les terroristes se déplacent librement et obtiennent l’asile politique. Les personnes dont il est prouvé qu’elles ont participé au coup d’Etat manqué contre moi ne seront pas poursuivies en Allemagne et aux États-Unis, elles ne seront pas extradées. Au contraire, elles seront défendues. Dans ces pays, les droits de l’homme n’ont donc pas d’importance.»
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