Le président américain Trump est parti vendredi pour un séjour de 17 jours à Bedminster dans le New Jersey, où il séjournera dans l’un des nombreux complexes touristiques de son empire immobilier. L’homme qui n’a jamais hésité à remettre en question l’éthique de travail de son prédécesseur, Barack Obama, a quant à lui passé 13 des 28 weekends écoulés de sa présidence dans l’une de ses stations. La Maison Blanche a souligné que Trump continuera de travailler pendant son absence.
Le magnat de l’immobilier de New York prend des vacances, parce qu’il vient d’avoir l’une des semaines les plus pénibles depuis qu’il a élu domicile le 21 janvier au 1600 NM Pennsylvania Avenue à Washington DC.
La semaine la plus pénible de Donald Trump
D’abord, la suppression de l’Obamacare – dont Trump avait promis lors de la campagne qu’elle serait faite dès « le premier jour de sa présidence » – est dans l’impasse totale. Ensuite, on a appris que le procureur spécial Robert Mueller avait convoqué son fils Donald Trump Jr., ainsi que d’autres personnes en compagnie desquelles ce dernier avait participé à une rencontre avec un avocat russe dans le cadre d’une enquête sur une éventuelle interférence russe sur les élections présidentielles américaines. Les personnes convoquées devront répondre aux questions d’un grand jury composé de 23 citoyens. Enfin, il y a eu le vaudeville autour de la nomination et de la démission presque concomitantes du directeur de la communication Anthony Scaramucci, dont les médias font encore leurs choux gras à ce jour.

Les médias se concentrent sur le contenu de télé-réalité de cette présidence
Mais les médias semblent si fascinés par le contenu de télé-réalité de cette présidence que tout ce qui est pertinent reste souvent méconnu. La principale information de la semaine a sans aucun doute été la manière dont le Congrès et le Sénat ont imposé de nouvelles sanctions sur l’Iran, la Corée du Nord et la Russie.
Ces sanctions avaient été décidées à l’avance, mais c’est surtout l’écrasante majorité que ces mesures ont recueillie à la fois au Congrès (419 contre 3) et au Sénat (98 à 2) qui est étonnante. Ces chiffres ne peuvent être interprétés autrement que comme un vote de censure contre le président.
Autrement dit, la majorité républicaine au Congrès a annoncé qu’elle ne fait pas confiance au président de son propre parti en ce qui concerne la défense des intérêts nationaux vis-à-vis de la Russie.
Quelques heures après le vote, Trump avait posté une fois de plus l’un de ses tweets infâmes pour exprimer clairement sa position à l’égard de la Russie. « Nos relations avec la Russie sont à un plus bas historique et très dangereux. Vous pouvez remercier le Congrès, ces mêmes personnes qui ne sont même pas capables de nous donner une couverture santé », a déclaré le président.
Our relationship with Russia is at an all-time & very dangerous low. You can thank Congress, the same people that can’t even give us HCare!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 3, 2017
Mais Trump n’a eu d’autre choix que d’approuver les sanctions. Il l’a fait dans ses propres mots « dans l’intérêt de l’unité du peuple américain », tout en déplorant de se voir imposer les contraintes du système de « checks and balances (‘freins et de contrepoids’) – le fondement de la démocratie américaine. « En tant que président, je peux conclure des accords avec des puissances étrangères bien meilleurs pour le peuple américain que le Congrès», a encore déclaré Trump. Une déclaration que l’on attendrait plutôt de l’occupant du palais présidentiel à Ankara ou du chef d’Etat des Philippines.
Washington veut se protéger contre l’attitude caméléonesque de Trump envers la Russie
[De même, la semaine dernière, le vice-président Mike Pence a déclaré une fois de plus sans ambages le soutien américain à la Géorgie, au Monténégro et à l’Estonie, et il a accusé la Russie de « saper les démocraties ».]La raison pour laquelle Trump insiste tant sur la normalisation des relations avec la Russie et qu’il tente d’épargner Poutine de toute critique demeure une grande question dans la capitale des Etats-Unis. Peut-être l’enquête du procureur spécial Robert Mueller n’y répondra-t-elle jamais, mais les chiffres de majorité écrasante aux votes du Congrès présentés ci-dessus montrent clairement que Washington ne fait pas confiance au président en ce qui concerne la Russie, et que la classe politique veut se protéger contre son attitude caméléonesque vis-à-vis de Moscou.
John McCain, un ‘American Hero’ pur sang
La réponse la plus spirituelle est venue de John McCain, ancien candidat à la présidence, et sénateur de l’Etat de l’Arizona, aujourd’hui âgé de 81 ans, et que l’on a soigné le mois dernier pour une forme agressive de tumeur du cerveau.
McCain était pilote de chasse pendant la guerre du Vietnam. Il a été abattu par l’armée nord-vietnamienne et fait prisonnier au cours de sa vingt-troisième mission de bombardement sur le Vietnam du Nord. Il a passé cinq ans dans un camp de prisonniers, où il a été torturé.
Un « héros américain » pur sang donc, d’autant plus que les Vietnamiens du Nord voulaient le libérer quand ils ont appris qu’il était le fils de l’amiral McCain. Mais le jeune McCain a refusé, à moins que le Vietnam du Nord ne libère les autres prisonniers de guerre qui avaient été capturés avant lui.
Ces faits glorieux ont été au écartés d’une pichenette par Trump cours de la campagne présidentielle avec la boutade : « Je préfère les soldats qui ne se font pas prendre » («I prefer soldiers that do not get caught ».) Trump a lui-même échappé au Vietnam parce qu’il était étudiant au début du conflit, puis il s’est fait exempter pour un problème médical.
McCain est assoiffé de revanche et ne manifeste aucune intention de disparaître tranquillement de la scène, comme l’a démontré la manière avec laquelle il a torpillé le projet de loi d’abrogation de « l’Obamacare » la semaine dernière, ou la réponse qu’il a donnée au tweet de Trump :
« Notre relation avec la Russie est à un dangereux point bas. Vous pouvez remercier Poutine, pour ses attaques sur notre démocratie, l’invasion de nos voisins et les menaces sur nos alliés ».
Our relationship w/ Russia is at dangerous low. You can thank Putin for attacking our democracy, invading neighbors & threatening our allies
— John McCain (@SenJohnMcCain) August 3, 2017
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