« En 2004, un journaliste sur 8 habitait à New York, Washington DC ou Los Angeles. Aujourd’hui, cette proportion est de un sur 5 ». C’est ce que le correspondant de CBS News, Bob Schieffer, a déclaré dans l’émission télévisée « Face the Nation », qui a été diffusée le dimanche matin.
Schieffer venait présenter son nouveau livre, « Overload: Finding the Truth in Today’s Deluge of News» (« Surcharge : trouver la vérité dans le déluge d’actualités d’aujourd’hui »), dans lequel il décrit les changements dans le nouveau paysage médiatique numérique. Les gens n’obtiennent plus les actualités locales qu’ils voient où entendent de sources fiables, dit Schieffer. En conséquence, 62 % de la population prennent connaissance de l’actualité sur Facebook et les autres médias sociaux, mais tout le monde peut y poster n’importe quoi.
« Nous sommes submergés. Nous n’avons jamais rien vu de tel, probablement depuis l’invention de la presse d’imprimerie. Vous savez, nous parlons de la presse d’imprimerie, de la manière dont elle a amélioré l’alphabétisation et causé la Réforme protestante, puis la contre-réforme. Mais l’imprimerie a aussi été suivie par 30 années de guerres religieuses. Il a fallu près de 3 décennies avant que le monde finisse par retrouver une certaine forme d’équilibre.
Nous sommes au tout début de ce qui est en train de se produire aujourd’hui, dans cette ère numérique qui a pris la place de la presse écrite. Elle n’a rien affecté d’autre que la façon dont les nouvelles nous arrivent ».
Les faits ne sont plus importants
Schieffer a plus profondément évoqué l’écart grandissant entre ce que les différentes organisations des médias apportent. « Si vous écoutez une chaîne, vous obtenez un ensemble de faits. Si vous écoutez une autre chaîne, vous obtenez un ensemble de faits différent. Donc ce qui diffère aujourd’hui, c’est que nous basons nos opinions sur des données différentes. Ce ne sont plus les données communes de la vieille époque, des jours passés et de ce que j’appelle l’ère du contrôleur, où l’on avait 3 chaînes de télévision, et un journal dans chaque ville. On pouvait ne pas être d’accord avec la politique éditoriale, mais on considérait que ce qui était indiqué à la une, ou ce que disait Walter Cronkite était vrai, qu’il s’était donné le mal de vérifier. Aujourd’hui, il y a 700 chaînes d’information. Nous sommes bombardés par tant d’informations, que nous ne pouvons pas les digérer. »
Selon Schieffer, tout doit aller vite, de nos jours. Nous communiquons dans la même langue que celle que l’on trouve dans les commentaires relatifs à des articles. Le dialogue glisse facilement vers les accusations et les insultes.
L’avis d’un journaliste n’est pas important
Pourtant, selon Schieffer, le journalisme n’implique pas de donner son opinion. Le point de vue du journaliste n’est pas important. Tout ce qu’il a à faire est vérifier les faits, de trouver s’ils sont vrais ou faux, et de rapporter ce résultat. C’est aux politiciens qu’il incombe de délivrer un message. « Nous ne sommes pas ici pour diriger le gouvernement. Nous sommes ici pour rapporter sur les gens qui sont impliqués en politique et au gouvernement ».
Derk-Jan Eppink : « La VRT ne se concentre que sur une moitié de l’Amérique »
Dans le courant de cette année, le journaliste néerlandais Derk-Jan Eppink, invité dans l’émission ‘De Afspraak’ sur la VRT, était parvenu à une conclusion similaire. Il avait accusé la VRT de donner une image unilatérale des Etats-Unis :
« Vous ne prenez que les médias américains – CNN, etc -. Cela n’est pas grave en soi, mais vous donnez une image unilatérale. Il y a aussi une autre Amérique, l’Amérique qui a voté pour Trump […] et je vais vous dire quel sera le résultat : beaucoup de gens deviennent insensibles et sa base politique que vous voyez dans le pays, lors de ces grands rassemblements, s’identifie plus fortement à Trump et cela réduit la crédibilité des médias américains ».
Eppink avait prédit la victoire de Trump en septembre de l’année dernière dans cette même émission. Il avait aussi dit que « le journalisme en Europe ne regarde que les démocrates » : «Après, vous ne vous concentrez que sur une moitié de l’Amérique ».
The post 1 journaliste américain sur 5 habite à New York, Los Angeles, ou Washington D.C. appeared first on Express [FR].