8 des entreprises avec la plus grande capitalisation boursière du monde sont des entreprises du secteur de la technologie. Leur valeur cumulée atteint 4700 milliards de dollars. C’est l’équivalent de près d’un tiers de la valeur de marché des 92 autres entreprises qui terminent la liste des 100 entreprises avec la plus forte valeur boursière. Parmi ces 8 géants de la technologie, on trouve 5 firmes américaines (Apple, alphabet, Microsoft, Amazon et Facebook), 2 chinoises (Alibaba et Tencent), et une sud-coréenne (Samsung).
De tels mastodontes ont la capacité de façonner profondément notre économie et notre société. Selon Martin Wolf du Financial Times, les géants de la technologie posent 7 défis d’ampleur pour nos économies :
1. La domination américaine (durable)
L’entreprise européenne la mieux évaluée du secteur des Tech est SAP, qui n’arrive qu’à la 60e position du classement. « Lorsqu’une économie n’est pas représentée sur la scène technologique, cela signifie qu’elle ne sera pas représentée du tout sur la scène économique du futur ».
2. Il s’agit de monopoles
Au 30 septembre, la valeur des capitaux de l’actionnariat d’Apple enregistrée dans les livres de la firme se montait à 134 milliards de dollars. Sa valorisation de marché (déterminée par le cours de ses actions) s’approchait de 900 milliards de dollars. Cet écart s’explique par les énormes bénéfices attendus, maintenant considérés comme « normaux ». Même si ceux-ci ne proviennent pas d’irrégularités, mais d’innovations et de techniques de gestion qui permettent de s’assurer de la loyauté des clients, ils n’en ont pas moins un caractère monopolistique.
3. L’élimination de toute concurrence
Ces situations de monopole ne pourraient être remises en cause que par l’arrivée de nouvelles entreprises concurrentes. Mais ces géants ont tendance à supprimer toute concurrence émergente en l’absorbant. En effet, ils rachètent toutes les entreprises susceptibles d’éroder leurs parts de marché. Il faudrait donc mettre en place des politiques pour les en empêcher.
4. Un trou noir pour la croissance
Au 30 septembre, les revenus d’Apple étaient largement supérieurs à ses actifs immobilisés. Cela suggère qu’Apple n’a plus vraiment d’intérêt à investir. En conséquence, une partie considérable de ses bénéfices s’accumule en réserves de trésorerie, souvent placées dans des paradis fiscaux. Pour de telles entreprises, une baisse du taux d’imposition n’a aucun sens, parce qu’elle ne les incitera pas à investir.
5. Leur taxation est un casse-tête
Il est d’autant plus difficile de les taxer que la localisation de leur chiffre d’affaires est difficile à établir. Une bonne imposition serait assise sur leur rente monopolistique. L’inadaptation actuelle de la fiscalité à l’égard des géants de la technologie discrimine les autres entreprises du secteur qui ne peuvent, elles, échapper aux impôts.
6. Elles vampirisent les médias, et n’ont pas leur pareil pour colporter les fausses informations
En 2017, Google et Facebook se seront accaparés 63 % des revenus de la publicité sur Internet. Une grande partie de leur succès provient de leur capacité à exploiter les investissements et les efforts fournis par les entreprises des médias pour collecter l’information. En outre, nous savons maintenant qu’elles peuvent être facilement utilisées pour répandre des informations fausses, avec de graves conséquences potentielles pour nos démocraties.
7. Elles menacent notre avenir
Les progrès qu’elles réalisent dans des domaines tels que la robotisation ou l’intelligence artificielle sont une menace immédiate pour le marché du travail est peut-être à l’avenir pour le statut de l’humanité.
Et Wolf de conclure :
« Nos avenirs sont trop importants pour être laissés à la merci de l’industrie technologique. (…) Les dirigeants doivent intellectualiser ce qui est en train de se produire. Et c’est dès à présent qu’il faut commencer à faire cet effort ».
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