Il flotte comme un parfum d’euphorie à Paris (les Échos). Lundi, la France était en fête : c’est elle qui récupérera l’Autorité Bancaire Européenne (ABE) et ses 150 employés après le brexit. En effet, cet organe est actuellement basé à Londres. L’ABE a été créée en 2011. C’est elle qui définit la réglementation bancaire européenne, et qui organise les « stress tests ».
« En gagnant l’Autorité bancaire européenne (EBA), la place financière de Paris a remporté une pièce maîtresse en matière de lobbying sur la réglementation bancaire », écrit le journal économique français Les Echos.
Le président français Emmanuel Macron a de nouveau souligné « l’attractivité » de son pays, maintenant présenté depuis des mois comme le plus à même pour reprendre le rôle de centre mondial de la finance actuellement incarné par la City de Londres. 2 autres villes pressenties, Francfort et Vienne, étaient présentées comme les favorites. Mais à l’issue d’un vote qui s’est soldé par un tirage au sort, c’est Paris qui l’a emporté.
Paris accueillera l’Autorité bancaire européenne ! C’est la reconnaissance de l’attractivité et de l’engagement européen de la France. Heureux et fier pour notre pays.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 20, 2017
La capitale française hébergeait déjà l’Autorité Européenne des Marchés Financiers, et c’est donc une seconde institution européenne financière qui aura son siège à Paris.
La “Ville Lumière” bénéficiait en outre d’une situation géographique plus favorable, à la fois au centre du continent, tout en restant proche de Londres, et des autres villes très actives sur le plan financier, en particulier Francfort et Dublin.
Toute possession d’argent était systématiquement matraquée fiscalement en France
Les choses n’en ont pas été toujours ainsi, parce qu’au cours des 25 dernières années, le pays avait perdu tout prestige dans le monde de la finance, et ne jouait guère plus qu’un rôle régional dans ce secteur, jusqu’aux changements récents de pouvoir à l’Élysée.

Au cours de ces dernières années, aucun autre pays de la zone euro n’a introduit plus de taxes que le gouvernement socialiste de François Hollande. Aucun autre pays de l’OCDE ne peut non plus se targuer de consacrer, 57,7 % de son PIB au budget de l’État, comme le fait la France. Pendant la crise financière, ce pays a aussi été le seul de l’UE à ne pas opter pour des coupes budgétaires, mais à imposer de nouvelles taxes. Année après année, le gouvernement a pompé de plus en plus d’argent des impôts. Toute possession d’argent était systématiquement matraquée fiscalement.

En 2016, 12 000 millionnaires français ont quitté le pays. C’était 20 % de plus que l’année précédente, selon le rapport annuel de New World Wealth.
Au cours des derniers mois, depuis l’arrivée au pouvoir de Macron, de grands efforts ont été entrepris pour tenter de modifier cette image. Nul doute que l’annonce de lundi a sonné comme une victoire pour le nouveau président.
Paris va-t-elle devenir la nouvelle capitale du monde de la finance ?
Paris va-t-elle devenir la nouvelle capitale du secteur financier ? L’agence de presse Bloomberg a examiné les chiffres.
Le secteur financier britannique emploie 1 million de personnes, dont 300 000 à la City de Londres. Les estimations varient, mais l’on pense que de très nombreux emplois resteront à Londres. Dans le cas d’un soft brexit, on estime que seulement 10 000 emplois seraient transférés ; dans le cas d’un hard brexit, cela pourrait monter à 75 000.
Combien Paris en a-t-elle récupéré pour l’instant ?
- 150 personnes avec l’Autorité Bancaire Européenne
- 11 grandes banques (Goldman Sachs, UBS, HSBC, SocGen),… ont déjà annoncé qu’elles allaient transférer leur siège, avec 13 000 emplois à la clé. 60 % d’entre elles (soit 8100 emplois) n’ont pas encore indiqué leur nouvelle destination. 25 % d’entre elles se déplaceront vers Francfort (3050 emplois) et 13 % à Paris (1700 emplois).
- Il est important de noter que sur les 8100 emplois qui doivent encore être affectés, la moitié (4000) sont ceux de la Deutsche Bank. Les chances qu’ils soient relocalisés à Paris sont donc assez faibles.

Le journal les Échos explique que beaucoup de banques risquent aussi d’opter pour une technique juridique surnommée « branch back ». Elle repose sur la création d’une succursale londonienne d’une filiale installée sur le continent. Beaucoup de banques américaines seraient intéressées par cette tactique pour leurs activités de marché et de banque privée. Dans cette hypothèse, de nombreux employés resteraient à Londres.
Conclusion
Paris se présente comme la nouvelle capitale mondiale de la finance. Mais entre le rêve et la réalité, il y a encore un abîme.
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