OPINION. Cette semaine, nous avons appris une nouvelle décevante : Bruxelles n’accueillera pas les matchs du championnat d’Europe de football en 2020. La raison en est que nous ne parvenons pas à construire un stade de football moderne, décent. Mais les problèmes vont bien au-delà. Le refus de prendre ses responsabilités et de choisir résolument le progrès creuse l’écart entre la Belgique et les pays voisins.
Et ce n’est pas qu’un sentiment : le pays semble à l’arrêt, même littéralement. Chaque jour. Davantage. Dans les embouteillages. Les personnes raisonnables évitent maintenant de passer à côté d’Anvers, par exemple. En 2000, on recensait 5,7 millions de voitures, de fourgonnettes et de camions en Belgique. L’année dernière, ce chiffre était passé à 7,4 millions. Cela s’explique par le faite que de plus en plus de gens conduisent leurs voitures de plus en plus longtemps, que nous vieillissons. Mais aussi, et cela doit être mentionné, parce qu’aucun autre pays au monde ne subventionne et n’encourage la voiture que la Belgique. Il n’y a que chez nous que l’on conduit autant de voitures de fonction par habitant, et aucun politicien n’ose remettre cela en cause. Mais la question n’est pas de savoir s’il faut enlever ses voitures ou non. Le débat, c’est que lorsque l’on fait ce choix, on doit aussi en assumer les conséquences.
Il ne faudrait pas hésiter sur la quote-part d’utilisation des transports publics qui devrait être prise en charge, et pas parce que nos transports en commun sont chroniquement déficitaires, mais uniquement parce qu’il sont progressivement éliminés pour ceux qui ne vivent pas dans les grands centres urbains.
Face the facts
Il ne faudrait pas non plus s’en débarrasser avec des mesures bisous nounours telles que l’utilisation des voies de secours pendant les heures de pointe ou les « feux de circulation intelligent ». Face the facts : si vous n’osez pas éloigner les gens de leur voiture, alors il n’y a qu’une seule vraie solution, qui consiste à fournir une infrastructure capable de gérer plus de voitures.
Maintenant, en Flandre, une personne risque de consacrer 5000 heures de sa carrière dans les bouchons. Nous parlons de plus de 10 % du temps que vous mettez pour vous rendre à votre travail. Ce sont des moyennes. Quiconque doit se rendre de Gand à la Campine ou au Limbourg ou vice versa, doit en payer le prix quotidiennement de nos jours. Bruxelles n’est pas mieux. Et même quiconque veut éviter ces grandes villes, doit réaliser qu’il faudra 2 fois plus de temps pour se rendre de à A à B qu’il y a 20 ans.
On entend dire que la solution consiste peut-être à réduire la congestion et à ne plus encourager le trafic automobile. Travailler à la maison également, car au moins, nous avons maintenant l’un des meilleurs réseaux câblés du monde. Mais tout le monde, quelque soit le côté de la discussion où il se place, doit convenir que les tergiversations interminables et la procrastination aboutissant à remettre à plus tard des décisions fondamentales ne sont plus des options.
La Belgique : un pays BANANA ?
Le manque de dynamisme pour résoudre le problème de la circulation n’est qu’un exemple. La manifestation de NIMBY (Not In My Back Yard), BANANA (Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anyone) et CAVE (Citizens Against Virtually Everything) dans notre pays, dans le pays où œuvrent des politiciens et des décideurs, de quelque nature qu’ils soient, font que la Belgique est un pays qui doit se résoudre à ne jamais être celui que l’on choisit dans presque tous les domaines.
Toutes ces choses mentionnées ci-dessus témoignent d’une mentalité au sein de la population. Mais elles sont aussi très utiles pour nos décideurs, car elles leur fournissent une bonne excuse pour ne rien faire du tout. Personne ne semble se soucier de cet immobilisme et ce déclin dans un monde globalisé.
Nous sommes donc devenus un pays où aucun stade de sport décent ne peut accueillir un événement d’une importance internationale, où les avions ne font que du bruit, et où, lorsque vous revenez d’un voyage d’Asie ou de Scandinavie, ou même des Pays-Bas et d’Allemagne, vous pensez : pffff.
Et ceux qui invoquent les arguments environnementaux sont à côté de la plaque. Il existe désormais assez de moyens pour assurer un développement durable. Même en Chine, on s’en empare. Il y a désormais assez d’exemples de pays où la norme de protection de la nature est beaucoup plus élevée que la nôtre et où l’on parvient à améliorer l’infrastructure dans tous les domaines.
Latin. LOL
Il existe un autre domaine, et c’est peut-être même le domaine le plus important, dans lequel l’immobilisme de notre pays est notable : notre éducation. Nous pleurnichons ici sur le maintien de l’enseignement du latin. Dans un monde où chacun assiste à la manière dont les algorithmes, l’intelligence artificielle, la nanotechnologie et la génétique sont en train de tout bouleverser, nous discutons de l’importance du latin dans notre éducation. Comme si nous étions encore au Moyen Âge. Alors que les pays comme la Suisse, les Pays-Bas et l’Allemagne (pour n’en nommer que quelques-uns) savent depuis longtemps ouvre le marché du travail, et injectent des milliards dans une éducation qui préparera les jeunes à l’avenir.
Nous savons bien que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Mais cela ne doit pas nous empêcher de regarder et de tirer les bonnes conclusions. Parce que dans notre monde, que vous le vouliez ou non, rester immobile signifie reculer.
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