En Autriche, le nouveau chancelier Sebastian Kurz ( à gauche sur notre photo ci-dessus), vient de prendre ses fonctions. Kurz, qui est âgé de 31 ans, devient ainsi le plus jeune chef de gouvernement de l’Union européenne. Outre le parti conservateur ÖVP de Kurz, le parti d’extrême-droite FPÖ siège également au gouvernement. Heinz-Christian Strache (à droite sur notre photo) a été nommé vice-chancelier, et outre le portefeuille de la Défense, son parti FPÖ a également obtenu le maroquin de l’Intérieur et celui des Affaires étrangères.
Outre une politique d’immigration plus stricte, la nouvelle coalition s’est donné pour objectif de réduire les impôts et d’instaurer une démocratie plus directe. La coalition ne s’est pas engagée sur une voie anti-européenne et il n’y aura pas de référendum sur l’adhésion à l’UE.
AFP PHOTO / APA / HANS PUNZ / Austria OUT
Un précédent en 2000
S’il s’agit d’une coalition inhabituelle, il n’y a pourtant rien de nouveau. Lorsque le FPÖ était arrivé au pouvoir en 2000 pour la première fois sous la direction de feu Jörg Haider, le reste de l’Europe s’était montré méprisant. Louis Michel, le père de l’actuel Premier ministre Charles Michel, avait même appelé à boycotter le ski en Autriche.
Van der Bellen
Pour le moment, le reste de l’Europe se fait discret. Ceci est en grande partie l’œuvre du président Alexander Van der Bellen. Ce dernier a été étroitement impliqué dans la négociation et a obtenu dès le départ l’exclusion d’un certain nombre de membres du FPÖ de la participation au gouvernement. Van der Bellen a également exigé que le ministre de l’Intérieur soit un juriste. Pourtant, Van der Bellen ne recueille qu’une faible gratitude pour son travail. Le centre-gauche l’accuse de ne pas être directement entré en conflit ouvert avec le FPÖ.
L’ÖVP fait partie du Groupe du Parti populaire européen
Mais l’ÖVP de Kurz siège au Parlement européen sous la bannière du groupe PPE, auquel appartient également le CD & V. La même famille comprend aussi les trois hommes politiques qui dirigent les principales institutions de l’UE (Juncker, Tusk et Tajani). C’est la raison pour laquelle le fait que l’ÖVP ait installé un parti d’extrême-droite dans son cabinet a été minimisé dans un premier temps.
De même qu’il n’y a que les politiciens pour pouvoir se permettre de balayer tranquillement sous le tapis le fait que le FPÖ était encore très récemment un parti xénophobe, admirateur de Moscou et anti-Europe. N’est-il pas bien plus avantageux de prétendre que l’on s’engage vers une « européanisation de l’extrême-droite », plutôt que vers l’extrême-droitisation de l’UE ?
Une association avec le groupe Visegrád ?
En tout cas, on s’attend à ce que la coalition autrichienne adopte une attitude très eurosceptique et qu’elle rejoigne éventuellement le groupe Visegrád. Ce dernier constitue une alliance de quatre pays d’Europe Centrale : la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque. Tous sont en rupture avec Bruxelles en ce qui concerne la politique d’immigration.
Ainsi, Vienne pourrait bien devenir le poil à gratter de la nouvelle UE plus intégrée dont rêve le président français Macron. C’est la question de l’immigration qui a provoqué la poussée populiste à Vienne. Cependant, on attend toujours une analyse claire mettant en exergue des coûts/bénéfices décisifs pour étayer la politique européenne en matière d’immigration de la part de Bruxelles
La coalition anti-Merkel
A la différence du début de ce siècle, lorsque le FPÖ avait formé une coalition à contrecœur avec le SPÖ, Kurz et la figure de proue du Parti de la liberté, Heinz-Christian Strache, semblent travailler en tandem. Le fait que Kurz ait réussi à obtenir de son partenaire de coalition qu’il renonce à son idée d’un référendum sur l’UE a constitué une étape cruciale. Le nouveau gouvernement ne remet pas en cause l’euro. Une chose semble certaine, c’est que l’Autriche s’érigera en premier rempart contre l’immigration massive issue du monde musulman. Kurz est un féroce critique de la politique d’accueil de Merkel et a remporté les élections d’octobre sur la promesse de stopper l’islamisation de son pays. Strache (à gauche sur la photo, en compagnie de l’ex-candidat à la présidence, Hofer) a une fois qualifié Merkel de « femme la plus dangereuse d’Europe ». Les demandeurs d’asile devront bientôt renoncer à leur argent et les médecins ne seront plus tenus au secret professionnel quand il s’agira de réfugiés.
HELMUT FOHRINGER / APA / AFP
L’Autriche : une base pour l’islam radical
La population musulmane autrichienne se monte à 700 000 personnes, soit 8% de la population totale, et elle a doublé depuis le début de ce siècle, selon les chiffres de l’Université de Vienne. Dans la capitale autrichienne, on recense même 12,5% de musulmans. Cela est particulièrement visible dans l’éducation du public et catholique, où près de la moitié des élèves sont musulmans. L’Autriche est aussi devenue une base pour l’islam radical. L’Agence autrichienne pour la sécurité d’Etat contre le terrorisme (BVT) a longtemps mis en garde contre la « radicalisation explosive du salafisme en Autriche ». Le salafisme est une idéologie anti-occidentale, qui prône l’application de la loi islamique de la charia. Kurz a promis de s’opposer aux quotas d’immigration de l’UE.
La population musulmane autrichienne se monte à 700 000 personnes, soit 8% de la population totale, et elle a doublé depuis le début de ce siècle, selon les chiffres de l’Université de Vienne. Dans la capitale autrichienne, on recense même 12,5% de musulmans. Cela est particulièrement visible dans l’éducation du public et catholique, où près de la moitié des élèves sont musulmans.
L’Autriche est aussi devenue une base pour l’islam radical. L’Agence autrichienne pour la sécurité d’Etat contre le terrorisme (BVT) a longtemps mis en garde contre la « radicalisation explosive du salafisme en Autriche ». Le salafisme est une idéologie anti-occidentale, qui prône l’application de la loi islamique de la charia.
Kurz a promis de s’opposer aux quotas d’immigration de l’UE.
« Je travaillerai dur pour défaire ces politiques de réfugiés erronées. Sans une protection adéquate des frontières extérieures de l’UE, nous ne parviendrons jamais à résoudre le problème de l’immigration clandestine ».
Bonus : Le feu d’artifice pourrait être imminent
Le nouveau gouvernement a immédiatement provoqué la controverse en annonçant qu’il était prêt à délivrer des passeports autrichiens aux habitants germanophones de la province du Nord de l’Italie, le Tyrol du Sud. Ce dernier faisait partie de l’Empire austro-hongrois après la Première Guerre mondiale, avant d’être annexé par l’Italie. Rome n’a pas ri.
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