Olivier Chastel, président du MR, fait le bilan de l’année politique 2017. L’occasion pour lui de réaffirmer, en toute logique, son soutien à la politique du gouvernement actuel et d’afficher sa satisfaction d’avoir réussi son coup en Wallonie.
Si vous deviez qualifier l’année politique en une expression ?
Enrichissante. Parce que, à notre grande surprise, ma famille politique et moi avons été amenés à négocier l’été dernier une participation gouvernementale en Wallonie. Et en ce qui me concerne, je m’y suis employé tout à fait personnellement.
Ce changement de majorité découle de plusieurs affaires. Avec un point commun: au-delà des fautes personnelles, c’est l’échec d’un système…
Exact. Tout à fait d’accord. Je pense que plus jamais la politique ne sera comme elle l’a été. Et j’en veux pour preuve la manière dont j’ai négocié cet accord de gouvernement. Pour pouvoir faire en sorte, qu’en Wallonie à tout le moins, on ne puisse plus revivre ce genre d’événements, séquentiels, qui ce sont répétés. C’est pourquoi nous avons déposé au parlement, ici juste avant les congés, un texte de gouvernance sur les pouvoirs locaux, les intercommunales, les institutions wallonnes… En matière de bonne gouvernance, mais aussi en limitation de conflits d’intérêts, de mandats, de rémunération…
Ce sont des textes importants pour la Wallonie que d’aucuns devraient s’inspirer. Notamment concernant l’image que nous voulons donner aux citoyens et aux jeunes en particulier. Trop peu de jeunes s’inscrivent en politique parce qu’ils ont cette image poussiéreuse de la politique, mais on peut aussi le lier à un certain nombre d’affaires. Ça ne peut qu’entacher l’engouement que peuvent avoir les jeunes vis-à-vis de la politique.
Est-ce qu’il y a une responsabilité particulière du Parti socialiste ?
Il y a une responsabilité d’un certain nombre d’individus qui ont contourné le système, parce que les règles n’étaient pas encore serrées. Et beaucoup d’entre eux sont socialistes. Mais je ne veux pas faire de particularisme politique. Je pense que la politique est faite d’hommes. 95 voire 98% des hommes politiques font correctement leur travail. Ces dernières années, certains sont passés à travers les mailles du filet et ce sont malheureusement illustrés par rapport à l’action politique, qui est finalement une action noble, au service de nos concitoyens.
En Wallonie, pourquoi avoir dit oui quand d’autres ont dit non ?
La négociation s’est faite en plusieurs temps. Il y a eu une première négociation sur la Wallonie. J’étais le seul auquel on s’est adressé. Les autres n’ont pas dit non en Wallonie. On me l’a demandé à moi et j’ai dit oui, après une réflexion sur le sujet avec ma famille politique. La question que l’on se posait il y a six mois d’ici était: “Est-ce qu’il y a moyen en 18 mois de changer la Wallonie?” Et après quelques jours, on s’est rendus compte, en discutant avec le cdH, qu’il y avait vraiment moyen de mettre en place de nouveaux axes. Que ce soit dans la politique sociale wallonne, dans la liaison entre la formation et l’emploi, en termes de gouvernance, en matières budgétaire et fiscale. On s’est dit: ‘On a peut-être que dix-huit mois, mais on peut vraiment insuffler un dynamisme nouveau à la Wallonie.
Si on regarde les derniers sondages, vous avez plutôt réussi votre coup ?
On sait qu’on est dans une période politique difficile, faite de réformes, faite de pédagogie. Parce que quand on dit réforme cela peut susciter un certain nombre de craintes chez nos concitoyens. On le voit bien au niveau fédéral: la réforme des pensions en est un bon exemple. Il faut expliquer ce qu’on veut mettre en œuvre. J’ai beaucoup de témoignages de jeunes qui me disent: “Il faut réformer les pensions. Parce que nous n’avons pas envie de payer les pensions des aînés, si on n’est pas sûr, nous-mêmes, que l’on aura droit à une pension dans 45 ans”, c’est-à-dire après une carrière complète. C’est à ça qu’on s’emploie aujourd’hui à travers la réforme des pensions.
Donc, décider, c’est important, mais communiquer et faire de la pédagogie, ça l’est tout autant.
Avec une certaine cohérence entre la Wallonie et le niveau fédéral ?
Bien sûr. Quand on évoque au fédéral, la création d’emplois, l’amélioration de la compétitivité, l’amélioration du pouvoir d’achat et du revenu disponible pour les habitants. Nous le transposons dans notre action wallonne beaucoup plus que ce que les gouvernements précédents ont pu le faire. Au travers de la recomposition ministérielle d’ailleurs puisque que j’ai souhaité qu’un seul ministre, au lieu de deux dans la majorité précédente, s’occupe de l’emploi, de la formation et de la recherche scientifique. Ça forme un tout mieux adapté au monde du travail.
Au niveau fédéral, la gestion de la politique migratoire de Theo Francken aura marqué cette année. Comment qualifiez-vous sa politique ? Theo Francken est-il trop rapidement caractérisé de fasciste ?
Je ne vais pas qualifier l’individu. La politique menée par ce gouvernement est une politique humaine, mais ferme. Ferme en respectant l’ensemble des règles européennes notamment. On sait tous que la migration est un sujet sensible, difficile, important. Mais ce gouvernement s’emploie surtout à essayer que des problèmes ne se développent pas sur notre pays. On a connu la jungle de Calais à quelques dizaines de kilomètres de la Belgique. On sait que ça a été un énorme problème pour le nord de la France. On ne veut que se développe ce genre d’endroits en plein centre de Bruxelles. C’est la raison pour laquelle on a dû prendre un certain nombre de mesures.
Je le répète, cette politique du gouvernement est humaine, mais ferme. Tous ceux qui veulent demander l’asile à la Belgique le demandent. Tous ceux qui sont dans les conditions l’obtiennent. On a d’ailleurs donné, sous ce gouvernement, plus de visas humanitaires qu’on en a donné sous les gouvernements précédents. Je pense qu’il fait avoir un peu de sensibilité dans le jugement de l’action de ce gouvernement, en ce compris en matière de migration, parce que, quand on regarde un peu les chiffres, au-delà des slogans, il faut regarder les faits. Et ils donnent raison à cette politique.
Mais que répondez-vous à ceux qui affirment qu’une plateforme citoyenne se substitue à l’État ?
Plus aujourd’hui qu’hier, des citoyens se fédèrent, et je trouve ça intéressant d’ailleurs. Parce que, objectivement, quand j’étais jeune avant de me lancer en politique, j’ai aussi voulu en tant que citoyen… mais ce n’était pas le bon moment. Ici c’est vrai on semble être dans un moment plus propice pour ça.
Alors, se substituer à l’État, on n’y est pas. Je pense que l’on vit dans un pays démocratique, heureusement, où on respecte les règles de l’État de droit. Et je pense que le système parlementaire représentatif, à tous les niveaux de pouvoir, est important, notamment au niveau communal. Les mouvements citoyens peuvent influencer l’action politique, je pense que ça, ça a du bon. Cela fait réfléchir toutes celles et tous ceux engagés en politique et qui manquent parfois de recul ou de contacts nécessaires pour prendre les bonnes décision. Mais se substituer, je pense que ce n’est pas encore pour tout de suite.
Charles Michel se félicite souvent de ses réformes économiques, on connait son slogan “Jobs, jobs, jobs”. Est-ce que les jeunes ne sont pas les oubliés dans cette histoire ?
Eh bien pas du tout. Vraiment, je ne le pense pas du tout.
On voit quand même une explosion des chiffres au niveau des CPAS par exemple ?
C’est vrai, on le doit surtout à une décision prise par le gouvernement précédent, le gouvernement Di Rupo. Ce gouvernement-ci prône la création d’emplois, en lien avec les régions d’ailleurs. Il prend des décisions qui visent justement à favoriser l’emploi des jeunes. Le statut d’étudiant-entrepreneur, intéressant pour les jeunes qui ont déjà des visées dans entrepreneuriat. Il permet aux jeunes, tout en étant encore étudiant et sans cotisation, de se lancer et de réfléchir à la manière de créer leur propre job.
J’en ai d’autres. Par exemple le salaire brut qu’une entreprise doit payer à un jeune de 18 à 21 ans, il est moins important que pour les autres classes d’âge, sans que le jeune ne soit pénalisé sur son salaire net. Ce sont des mesures positives pour l’emploi des jeunes. Avec notamment l’accent que nous mettons en Wallonie, en mettant en lien, les actions que le Forem doit mener dans un certain nombre de domaines, par rapport à la vie active. Je pense qu’il faut prendre conscience, et le monde politique est tout doucement en train de le faire, que 60% des emplois que nous connaîtrons en 2030, ne sont pas connus aujourd’hui. D’où l’importance du numérique, du digital, de la formation dans ces domaines. Je pense que la Belgique et ses Régions doivent prendre conscience que c’est LE domaine d’avenir. Et les jeunes doivent s’y investir. Ce sont les emplois de demain. Si les jeunes veulent saisir leur chance, ils en ont les capacités. Ils sont d’une telle habileté avec le digital et le numérique. On doit tirer profit de cette capacité-là.
Le MR a aussi appuyé la garantie la plus large possible au crédit hypothécaire…
Exact. Il y a a à la fois la garantie au crédit hypothécaire, et nous avons été très prudents avec la Banque Nationale qui a voulu mettre des règles il y a quelques mois d’ici. Mais il y a aussi une autre mesure importante par rapport à l’accès à la première propriété, que le nouveau gouvernement wallon, sous notre impulsion, a mis en place. On exonère les vingt premiers mille euros d’achat d’une première habitation sur le précompte immobilier. Donc si on imagine que l’on achète un bien immobilier, on paye 12,5% de droit d’enregistrement, on gagne 2.500 euros. C’est ou coup de pouce.
Par rapport à la sortie du nucléaire prévue en 2025, que répondez-vous à ceux qui disent que le MR est tenu par la N-VA? De manière générale d’ailleurs…
C’est très simple. Il y a une loi. On a une loi qui dit qu’on va sortir du nucléaire d’ici 2025 (…). Le pacte énergétique, c’est la manière avec laquelle on va atteindre cet objectif de sortie du nucléaire en 2025. Alors on peut faire des analyses chiffrées, parce qu’il existe sans doute plusieurs chemins pour y arriver. Mais la loi c’est la loi. Il n’y a pas de majorité dans ce pays, et nous ne participerons pas à une majorité qui reviendrait sur la sortie du nucléaire en 2025. c’est aussi simple que ça, ne renversons pas les rôles.
J’entends dire, ‘vous êtres frileux sur la sortie du nucléaire’, il n’y a pas à être frileux, la loi elle est votée. On en sort en 2025. Nous devons nous précipiter pour trouver les solutions pour en sortir. Les modes de consommation énergétique, les modes de production énergétique, il y a beaucoup de choses à faire. Il faut que les Régions de ce pays s’entendent avec le Fédéral sur la manière dont on se projette, et le plus rapidement possible pour une sortie en 2025.
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