Le gouvernement français est furieux : Airbnb n’aurait payé que 92.944 euros au titre de ses impôts sur les sociétés en 2016. La France est pourtant son second marché dans le monde, derrière les Etats-Unis, et plus de 10 millions d’internautes ont utilisé sa plateforme pour réserver un séjour dans le pays l’année dernière.
Et il n’y a là rien d’inégal, seulement les conséquences d’une optimisation fiscale efficace. Airbnb est immatriculée dans l’Etat américain du Delaware, connu pour être un paradis fiscal, en son siège européen est basé en Irlande, où les entreprises ne payent que 12,5 % d’impôts sur les sociétés. Sans surprise, les factures qu’elle adresse aux utilisateurs de sa plateforme sont établies en Irlande, ce qui lui permet de baisser considérablement sa taxation.
La faible imposition française s’expliquerait parce qu’elle ne s’applique que sur la commission de 3 % qu’Airbnb prélève sur les montants qu’elle reverse aux propriétaires des logements qui passent par sa plateforme pour louer leur bien. Mais tout de même… Bien qu’il ne représente qu’une infirme fraction des sommes perçues, le montant total de ces commissions d’intermédiation doit probablement se chiffrer en millions d’euros, et selon toute logique, il aurait dû générer bien plus d’impôts à payer.
Une proposition franco-allemande
Le commissaire aux Finances, Pierre Moscovici, a déclaré que le montant d’imposition française d’Airbnb était « choquant ». Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, est également indigné par cette situation, qu’il a qualifiée d’ « inacceptable ». « C’est le droit d’Airbnb d’opérer en France, mais c’est notre droit aussi d’exiger de la part d’Airbnb et de toutes les plateformes du numérique une juste contribution au trésor public français», a dit le Ministre. Il a déploré la lenteur du travail de la Commission européenne sur ce sujet, et promis une « proposition franco-allemande au prochain conseil des ministres européens » qui se tiendra à Tallin le 15 septembre prochain.
De son côté, la firme californienne a riposté en expliquant qu’elle était « fondamentalement différente des entreprises qui encaissent de grosses sommes d’argent dans les pays où elles opèrent ». Elle a estimé qu’elle était incomprise, parce que ce sont les propriétaires qui louent leurs logements qui encaissent la plus grosse partie des sommes facturées aux utilisateurs du service. Selon elle, rien que pour 2016, son service a permis de générer 6,5 milliards d’euros pour l’économie française. « Il autonomise des personnes ordinaires, stimule les communautés locales, et est soumis à la taxation locale », ajoute-telle.
“Puisque AirBnB réalise un chiffre d’affaire, puisque c’est en dehors de France, alors c’est un scandale”
Sur son blog Hashtable, le blogueur français libéral H16 s’exaspère de l’attitude des médias et des politiciens à l’égard d’Airbnb :
« L’important, c’est de bien faire passer un message indispensable : AirBnB dispose d’une grosse galette et il est intolérable qu’on ne puisse pas croquer dedans, quand bien même la société joue le jeu et respecte les règles en vigueur.
Vous comprendrez qu’ici, peu importent les retombées économiques qu’AirBnB engendre sans le moindre doute par son activité. Peu importent les nuitées vendues, peu importent les trajets permis par ces locations d’un autre type, peu importe que des touristes ont pu se permettre de venir dans le pays y dépenser leur argent grâce aux facilités offertes par AirBnB. Peu importe que, de fil en aiguille, ces touristes et ces locataires aient généré des entrées de TVA, des chiffres d’affaires pour les commerçants français par leur location négociée avec la société fiscalement basée en Irlande. (…) Peu importe surtout que le chiffre d’affaire réalisé par les hôtes affiliés à AirBnB soit fiscalement déclaré et donc ponctionné comme il se doit. (…)
Oui, vraiment, peu importent les effets bénéfiques indirects déjà palpables, peu importent les rentrées fiscales déjà existantes : puisque AirBnB réalise un chiffre d’affaire, puisque c’est en dehors de France, alors c’est un scandale (ou, du moins, on fera tout pour que c’en soit un). Point. »
Un autre blogueur libéral, Christian de Moliner, rappelle que certaines villes françaises collectent la taxe de séjour sur les locations réalisées au travers de la plateforme d’Airbnb, et que celle-ci s’est élevée à 7,6 millions d’euros, dont 5,5 millions d’euros rien que pour Paris. En outre, le trésor français perçoit aussi la TVA sur la commission d’intermédiation d’Airbnb « dont le montant total dépasse (et de loin) les malheureux 92.000 euros ».
The post Airbnb a payé moins de 100 000 € d’impôts en 2016 en France. “Inacceptable”, vraiment ? appeared first on Express [FR].