« MiFID II » est le nouvel acronyme qui donne des sueurs froides au monde de la finance en Europe, et il a dû coûter plus de 2 milliards d’euros aux banques, aux courtiers et aux gestionnaires de fonds pour la seule année 2017. C’est en effet le nom de la nouvelle directive visant à protéger les investisseurs et à améliorer la transparence des marchés financiers (Markets in Financial Instruments Directive II). Fruit de 10 ans de travail, elle est entrée en vigueur ce 3 janvier. Problème : elle est excessivement complexe. En effet, elle compte pas moins de… 7000 pages.
Les 7000 pages en question proviennent d’une évaluation qui prend en compte tous les addenda de la MiFID II. C’est 5 fois plus long que le Guerre et paix de Tolstoy, et évidemment, bien moins digeste, affirme Bloomberg. De façon remarquable, la directive ne comprenait encore que 500 000 paragraphes en 2014. Mais 3 ans plus tard, elle en compte 1,7 million.
Comparable au passage à l’an 2000
Sa mise en pratique devrait être un casse-tête – comprenez très coûteuse – pour les banques, les fonds, les offices de change et les courtiers. En revanche, c’est une aubaine pour les cabinets de consultants. Certains analystes ont comparé la nécessaire mise à jour de la technologie pour s’y conformer à celle qui avait été requise par le passage à l’an 2000.
Une première évaluation des coûts les a fixés à 2,5 milliards d’euros, puis 700 millions d’euros chaque année pendant 5 ans. Cela signifie que chacune des plus grandes banques devra débourser 40 millions pour se conformer à la nouvelle directive.
La mise en œuvre de la directive s’avère si laborieuse que l’on prévoit une baisse des volumes de courtage au mois de janvier en Europe.
Eviter une nouvelle crise financière
La MiFID II a pour objectif d’éviter une redite de la crise financière de 2008, en améliorant la protection des investisseurs et en rendant les acteurs plus transparents et plus fiables. Elle cible en particulier les « dark pools » (des systèmes privés d’échange de titres qui s’effectuent de gré à gré, et permettent l’anonymat des acteurs), en leur imposant des limites. Mais elle soumet également les traders et les acteurs du marché à une plus grande surveillance, notamment en leur réclamant une documentation plus détaillée concernant les transactions réalisées.
Ainsi, les institutions devront rendre compte immédiatement des transactions qu’elles auront effectuées. Les traders sur obligations disposeront de leur côté de 15 minutes pour effectuer cette déclaration. Toutes les conversations entre les traders et les gestionnaires d’investissement liées à une transaction devront être conservées pendant une période de 5 ans. Enfin, les traders en titres négociables de l’UE devront fournir leur identité lors de chaque opération.
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