Les médias sociaux devraient pouvoir procéder au retrait des contenus illégaux dans un délai de deux heures, a déclaré le commissaire européen aux Affaires Intérieures, Dimitris Avromopolous. Il s’exprimait au cours d’une réunion à huis clos au siège de la Commission Européenne le 9 janvier dernier, qui rassemblait plusieurs commissaires et les CEO d’une vingtaine de firmes de l’internet, dont Google, Microsoft, Twitter, et Facebook.
A l’automne de l’année dernière, la Commission leur avait indiqué qu’elle planchait sur une nouvelle loi qui devrait être adoptée ce semestre pour encadrer la suppression des contenus incitant à la haine, à la violence ou au terrorisme. Elle veut contraindre ces entreprises à réduire leur délai d’intervention pour procéder à ces retraits. Mais il s’agit d’un véritable défi pour ces entreprises.
Chaque seconde, 8000 tweets et 72000 vidéos
Chaque seconde, 8000 messages sont postés sur Twitter, plus de 72 000 personnes visionnent une vidéo sur YouTube et 820 images sont envoyées sur Instagram.
Selon Avramopolous, les contenus illicites devraient être retirés, puis communiqués aux services de police afin de servir de preuve dans le cadre d’une enquête. L’agence policière de l’UE, Europol, a mis en place une unité spéciale pour recueillir les contenus illégaux des fournisseurs de services sur internet.
Mais juger de la licéité des contenus n’est pas si évident, et peut être subjectif. Toutefois, en septembre, la Commission a rappelé que “ce qui était illégal hors ligne l’était aussi en ligne”. Mais dans ce domaine, les réglementations nationales varient d’un pays à l’autre. De ce fait, les fournisseurs de services sur internet devront examiner les différentes législations pour adopter la bonne attitude.
Les critiques craignent que les firmes américaines soient tentées à retirer tout contenu contesté sans vérifier au préalable s’il viole effectivement les lois en la matière pour éviter les amendes. Mais un tel comportement mènerait à une certaine forme de censure.
L’Allemagne a commencé à sévir
L’Allemagne a adopté une loi qui prévoit d’imposer des amendes pouvant atteindre 50 millions d’euros pour les entreprises qui échouent à retirer les messages d’incitation à la haine dans les 24 heures de leur publication.
Récemment le magazine satirique allemand Titanic a appris que son compte avait été bloqué sur Twitter, suite à un tweet moqueur concernant les déclarations d’une politicienne du parti d’extrême droite allemand, Afd.
Les algorithmes de Twitter, incapables de saisir l’ironie du tweet, avaient déterminé qu’il s’agissait d’un message raciste. Il a fallu plus de deux jours pour que Twitter rétropédale et débloque le compte de Titanic.
En France en septembre dernier, deux sites d’Indymedia se sont vu contraints de supprimer des contenus sur ordre du Ministère de l’Intérieur. Les contenus en question ont été jugés comme étant une “provocation au terrorisme”. Cependant, le même contenu avait aussi été publié par les médias traditionnels, sans que ceux-ci ne soient inquiétés.
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