Le ministre de la Justice américain Jeff Sessions a annoncé la fin du programme DACA, un programme qui avait été approuvé par le gouvernement Obama en 2012 et qui avait permis à 800 000 jeunes (que l’on avait surnommés « Dreamers ») arrivés clandestinement aux États-Unis au cours de leur enfance d’éviter l’expulsion. Ces jeunes ont été autorisés à travailler aux États-Unis, et à profiter du système de sécurité sociale.
Selon Sessions, le programme était non seulement illégal, mais il privait « des centaines de milliers d’Américains d’emploi parce que « les étrangers en situation irrégulière ont pris ces emplois ».
Sessions ajoute que les conséquences de cette décision n’entreront pas en vigueur avant le 5 mars 2018. En effet, les jeunes du programme DACA ne sont pas une priorité pour la police d’immigration, selon lui. Cela laisse 6 mois à ces jeunes pour préparer leur avenir.
Des recherches menées par le Center for American Progress montrent que la moyenne d’âge des jeunes « DACA » était de 6,5 ans quand ils sont arrivés aux États-Unis, et qu’ils sont maintenant âgés en moyenne de 25 ans.
Brendan Smialowski / AFPObama
L’ex-président Obama s’est pour la première fois exprimé publiquement contre une mesure prise par le gouvernement Trump. Sur sa page Facebook, l’ex-président américain déplore que l’administration Trump s’en prenne à
« des enfants qui ont étudié dans nos écoles, de jeunes adultes qui démarrent des carrières, des patriotes qui ont prêté allégeance à notre drapeau. Ces dreamers sont Américains dans leur cœur, dans leur esprit et de toutes les manières possibles sauf une : sur le papier. (…) Ils ne connaissent peut-être aucun autre pays que le nôtre. Et peut-être même qu’ils ne connaissent aucune autre langue que l’anglais. Souvent, ils ignorent même qu’ils sont sans-papiers, jusqu’à ce qu’ils postulent pour un emploi, ou s’inscrivent en études supérieures, ou au permis de conduire. »
Et Obama de conclure qu’il s’agit d’une “décision cruelle” et d’une “décision politique et une question morale”.
Paul Krugman
L’économiste lauréat du prix Nobel Paul Krugman explique dans le New York Times que personne ne bénéficiera de cette décision :
« C’est un double revers pour l’économie américaine ; elle sera nuisible pour tout le monde. Il n’y a aucun bon côté à cette cruauté, à moins que vous ne souhaitiez simplement avoir moins de gens avec une peau brune et des prénoms hispaniques autour de vous. Ce qui est, bien sûr, le véritable objet de tout ceci. »
La Silicon Valley
Au début de cette semaine, une série de CEOs de la Silicon Valley avaient déjà critiqué cette mesure. Parmi eux, on retrouvait Tim Cook (Apple), Mark Zuckerberg (Facebook), Sundar Pichai (Google) et Satya Nadella (Microsoft). Dans toutes ces entreprises, on trouve souvent des centaines de Dreamers collaborateurs.
Dans le courant de cette année, Mary Meekerdu fonds de capital-risque américain Kleiner Perkins avait publié dans son étude annuelle Internet Trends un tableau montrant que 50 % de ce que l’on appelle des licornes (c’est-à-dire des start-up qui ont acquis une valorisation supérieure à un milliard de dollars) ont été fondées par des immigrants. 74 % des informaticiens qui vivent à la Silicon Valley sont, selon le Silicon Valley Index, nés à l’étranger.
Les Democrates
De leur côté, les dirigeants démocrates hurlent à la mort :
America is strongest when we come together and reject xenophobia. Congress must permanently protect Dreamers and reject Trump’s bigotry. https://t.co/zn0Mk1rd11
— Bernie Sanders (@SenSanders) September 5, 2017
We won’t let Donald Trump rip away a lifeline for almost 800,000 young people. Demand your GOP representative #DefendDACA: (202) 224-3121. pic.twitter.com/R0vtu3eo1N
— Tom Perez (@TomPerez) September 5, 2017
Sur Buzzfeed Ben Smith se demande « pourquoi Trump tire-t-il toujours sur les otages ?» :
“Si Trump supprime le DACA pour plaire à sa base, il ne récupérera que le pire des deux mondes politiques. Il infligera une vraie souffrance à des centaines de milliers de gens pour rassurer les 30 % de sa base et leur dire qu’il est toujours derrière eux. Et politiquement parlant, il aura abandonné un pouvoir de négociation pour rien, et dépensé une plus grande partie de son capital social et politique. Ce n’est pas une stratégie, c’est un mouvement de panique vers une impasse.”
Les Républicains
Trump semble influencé par sa fille Ivanka et son gendre Jared Kushner pour assurer ses arrières. Dans un tweet, il exhorte le congrès à faire son travail. Le congrès américain pourrait peut-être trouver une autre solution pour les jeunes.
Congress, get ready to do your job – DACA!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 5, 2017
Cette question divisera probablement le parti républicain, possiblement encore plus qu’il ne l’est déjà. Paul Ryan, le président de la chambre des représentants, veut garder les Dreamers aux États-Unis. Mais la ligne dure au sein de son parti espérait que le président annoncerait une expulsion immédiate et définitive des jeunes du DACA.
The post Tout pour la base de Trump : Les USA mettent 800 000 “Dreamers” à la porte appeared first on Express [FR].