En juin, le cdH a rejeté le PS. Mais le parti n’a encore présenté aucune autre majorité. Cela fait maintenant deux ans que Bruxelles et la Fédération Wallonie-Bruxelles sont privées d’un gouvernement fonctionnel : elles n’ont pas d’autre choix. Rudi Vervoort (PS) et Rudy Demotte (PS) sont toujours furieux: ils sont encore à la tête de coalitions réduites à l’impuissance.
Deux ans sans qu’aucune grande décision ne soit prise: ce n’est pas vraiment ce dont Bruxelles avait besoin. Alors que la capitale ne fonctionne déjà plus correctement, une crise politique profonde menace de paralyser la région pour les deux prochaines années.
DéFI incontournable dans chaque scénario
Reprenons l’histoire depuis le mois de juin. Juste avant l’été, le cdH avait brutalement décidé de rejeter les coalitions formées avec le PS en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le président des humanistes, Benoît Lutgen, avait décidé d’apaiser la série de scandales impliquant son partenaire gouvernemental (Publifin, Samusocial…) et de l’éjecter en formant de nouvelles majorités.
Mais Lutgen semble avoir été un peu vite en besogne et la situation, surtout, n’a pas été bien évaluée. L’homme fort de Bastogne avait essentiellement porté son attention sur la Région wallonne où un accord avec le MR était à coup sûr gagné.
À Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles, le cdH et le MR ne peuvent pas atteindre ensemble une majorité suffisante pour gouverner. Dans chaque scénario possible, il ont besoin de DéFI, le parti d’Olivier Maingain. Mais ce dernier n’a eu droit à aucun coup de téléphone ou discussion à l’avance pour envisager la négociation d’un nouveau gouvernement à Bruxelles.
Et ce n’est pas sans importance. Il en va des règles de formation des gouvernements des entités fédérées. Ceux-ci fonctionnant différemment du gouvernement fédéral: si un parti de la majorité dirigée par le Premier ministre Charles Michel fait un pas de côté, alors le gouvernement tombe. Mais à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles, une majorité alternative doit d’abord être trouvée et une motion de méfiance constructive soumise au vote du parlement. Ce n’est alors seulement que le gouvernement précédent peut démissionner et être remplacé.
En Wallonie, tout a fonctionné presque comme prévu: MR et cdH ont d’abord voté le retrait de Paul Magnette (PS), puis ont accepté Willy Borsus (MR) en tant que nouveau Ministre-Président wallon. Mais à Bruxelles, les choses sont différentes et une telle négociation n’a jamais pu se mettre en place: Olivier Maingain (DéFI) ne semble même pas y avoir réfléchi.
Maingain
En outre, le PS a rapidement réagi à Bruxelles, en resserrant les liens avec Maingain immédiatement après la bombe lancée par Lutgen mi-juin. Le président de DéFI entretient d’ailleurs de bonnes relations avec Laurette Onkelinx, la présidente du Parti socialiste bruxellois.
L’ancien FDF reste un parti qui favorise les droits des francophones à Bruxelles et cultive une haine profonde contre les flamingants. Pour lui, monter dans des coalitions avec le cdH et le MR, surtout, lui donnerait l’impression de s’associer aux “collaborateurs” qui gouvernent le fédéral avec la N-VA. Et ce n’est tout simplement pas possible pour Maingain.
Deux ans d’affaires courantes perdus
Du coup, le scénario actuel est le suivant: le statu quo pour les deux années à venir à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Rudi Vervoort et Rudy Demotte devront donc continuer courageusement à gérer les affaires. Le cdH siège toujours dans ces deux gouvernements avec le PS et DéFI. Bruxelles et la Fédération Wallonie-Bruxelles ne sont pas tombées et ne le peuvent tout simplement pas.
Entre-temps, ce sont devenus des gouvernements fantômes: le cdH ne se soulève pas mais “défendra ses revendications dossier par dossier”. Et le PS panse ses plaies. Après les scandales, le parti essaie tant bien que mal de se refaire une image. Mais les sondages sont encore là pour l’achever: le PTB monte en flèche dans les intentions de vote. Le scénario français semble se reproduire en Belgique: là-bas, le PS a été totalement mis KO. Mais se retirer, malgré la “trahison” du cdH, n’aurait pas beaucoup de sens pour le PS. Une sorte de collaboration technique est donc de mise dans les gouvernements qui ne peuvent entreprendre aucune grande politique pendant deux ans, si ce n’est suivre suivre les dossiers en cours.
Les premières réunions de cabinets post vacances ont eu lieu, et le flou est toujours là. Même pour le cdH, la situation est absurde: au gouvernement avec le MR en Wallonie, dans un gouvernement paralysé avec le PS à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles, dans l’opposition au fédéral mené par le MR. Mais il y a tout de même du positif: rien n’indique que quelque chose d’autre surviendra en Belgique francophone et que les deux gouvernements ne seront pas correctement conduits pendant ces deux ans.
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