La technologie est de plus en plus capable de lire nos visages, et ses applications se multiplient. Les églises américaines utilisent déjà la reconnaissance faciale pour surveiller l’assiduité de leurs fidèles ; les commerces britanniques s’en servent pour reconnaître les voleurs. C’est aussi une application de reconnaissance faciale qui permet de déverrouiller le dernier iPhone. Mais certains de ces développements posent clairement de grands risques pour notre intimité et notre qualité de vie, affirme The Economist.
Il rappelle en préambule que la grande différence avec d’autres technologies biométriques (telles que celles qui reposent sur les empreintes digitales, par exemple), c’est que la reconnaissance faciale peut être opérationnelle à distance, voire même sur la base de documents (photos, vidéos).
Mais nos visages trahissent aussi nos émotions, certains de nos penchants, et même certaines caractéristiques physiologiques. Une application de reconnaissance faciale aide ainsi les personnes autistes à comprendre les signaux que leur entourage leur envoie. Une technologie voisine détecte prématurément des maladies génétiques orphelines, comme le syndrome de Hajdu-Cheney, par exemple.
L’orientation sexuelle
Malheureusement, cette intelligence artificielle pourrait aussi être très nuisible : des chercheurs de l’Université de Stanford ont montré que des algorithmes auxquels ils avaient soumis les photos des utilisateurs d’un site de rencontre étaient capables de trouver leur orientation sexuelle avec une précision moyenne de 81 %. Que se passerait-il si les pays qui interdisent l’homosexualité utilisaient cette technologie ?
Dans le domaine professionnel, la reconnaissance faciale pourrait aussi aider les employeurs indélicats à pratiquer des discriminations lors des recrutements, par exemple en choisissant des profils ethniques particuliers, ou en recherchant des signes d’intelligence.
Des discriminations raciales
Les clubs de sport et les boîtes de nuit pourraient aussi utiliser cette technologie pour tenter de détecter des signes de violence sur les visages. Mais ces algorithmes seront toujours imprécis, et inévitablement, ils commettront des erreurs, menant à l’exclusion imméritée de certaines personnes. Ainsi, un programme informatique, qui indique un score pour prédire la probabilité qu’un prisonnier libéré commette un nouveau délit à sa sortie de prison, et dont les résultats sont éventuellement consultés dans le cadre d’une prise de décision de mise en liberté conditionnelle, s’est avéré beaucoup plus sévère sur la notation des prisonniers noirs que sur celle des prisonniers blancs.
L’utilisation routinière et quotidienne de la reconnaissance faciale pourrait aussi nuire à l’harmonie des relations interpersonnelles. Nous ne pourrons plus dissimuler notre ennui, ou notre agacement à nos amis, conjoints ou patrons. De même, nous pourrions prendre l’habitude de nous fier à des scores issus d’algorithmes, plutôt que de nous baser sur la confiance que nous inspire une personne.
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