Bagdad a repris la majorité des champs de pétrole du nord-est du pays dont les Kurdes s’étaient emparés il y a trois ans. Cependant, le Kurdistan garde un avantage : il contrôle la majeure partie de l’accès à l’Internet irakien.
L’offensive des troupes gouvernementales irakiennes met en péril les moyens de subsistance de la région kurde du nord de l’Irak qui dépend du pétrole pour financer son économie et pour alimenter ses velléités d’indépendance.
Depuis 2014, le Gouvernement régional de Kurdistan (GRK) exploitait les champs pétroliers de Kirkouk et vendait du pétrole internationalement, contre les volontés du gouvernement central irakien, notamment grâce à un accord signé avec Rex Tillerson, ancien PDG d’Exxon, actuel secrétaire d’État américain.
Mais les Kurdes disposent d’une arme économique. La société Oracle Dyn, entreprise qui suit le trafic internet international a constaté en 2014 que 73 % du trafic irakien était redirigé vers le reste du monde via deux fournisseurs de services internet kurdes : Newroz et IQ Network.
Les données internet sortent d’Irak de deux façons : via un câble sous-marin allant du golfe Persique à Al Faw et via des câbles de fibre optique à l’ouest, en passant par la Jordanie. L’ouest est une zone compliquée à cause de sa géographie. En outre, les militants de l’État islamique y sabotent constamment les infrastructures de télécommunications.
Cependant, en 2014, en pleine apogée de l’organisation terroriste, la route des données kurdes a permis à l’Irak de rester connecté avec le monde.
Avantage économique
Les Kurdes sont conscients que leurs accès internet sont une arme économique utile contre le gouvernement central. En effet, ce dernier, a nationalisé tout l’Internet, provoquant une diminution des investissements et une hausse des tarifs. Selon Oracle Dyn, les frais de trafic de données via les réseaux gouvernementaux peuvent être cent ou mille fois plus élevés qu’au sein d’économies développées ou que ceux offerts par les les Kurdes.
Avant la reprise de Kirkouk, un porte-parole du président du GRK avait menacé de couper l’Internet en Irak ainsi que d’autres services tels que la téléphonie mobile. Etant donné le faible taux de pénétration internet dans le pays, cette contre-attaque pourrait affecter directement l’élite de Bagdad.
Selon Doug Madory d’Oracle Dyn, les Kurdes seraient en mesure de priver temporairement l’Irak de ses accès internet les plus importants. Les télécoms irakiens en rechercheraient certainement d’autres, une tâche qui prendrait cependant un certains temps.
Enfin, pour le Kurdistan, une coupure de l’Internet représenterait un important manque à gagner pour les entreprises. « Cela les tuerait, je ne pense qu’elles prendraient cette décision à la légère. Le Kurdistan est un endroit attractif pour faire des affaires et être traité équitablement ».
Cette situation s’assimile aux défis auxquels sont confrontés les mouvements séparatistes de la Catalogne à l’Ecosse : la liberté peut avoir un coût très élevé.
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