Le monde est toujours dépendant du pétrole : nous utilisons encore massivement les combustibles fossiles pour le transport et l’énergie. Seulement, le prix du baril a fortement chuté ces dernières années. Cela a fait les affaires de quelques-uns, notamment des producteurs de pétrole de schiste américains, qui sont entrés en concurrence avec des producteurs de pétrole plus traditionnels comme la Russie, le Nigéria, le Canada, la Norvège et l’Arabie Saoudite. Au cours des 2 dernières années, un prix du baril entre 40 et 50 dollars est devenu la norme, à la grande frustration du secteur pétrolier.
Après des années de prix bas les prix de pétrole ont soudainement flambé, jusqu’à atteindre 64 $ par baril de pétrole brut. La raison est simple : la crise politique en Arabie Saoudite. En effet, le nouveau prince héritier Mohammed bin Salman a fait arrêter une série de dirigeants et de riches investisseurs sur des accusations de corruption. Soudain, l’un des principaux producteurs de pétrole est apparu moins stable.
Mais ce sont surtout des pays comme le Koweït, la Russie, l’Angola, la Libye et le Venezuela, qui sont économiquement très dépendants de leurs revenus pétroliers au cours des dernières années l’OPEP, l’organisation des pays producteurs de pétrole, a tenté de réduire la production de pétrole, en concluant des accords mutuels. Mais cela n’a jamais vraiment réussi à tirer les prix vers le haut.
Jusqu’à maintenant, où, soudainement, une crise majeure menace le second plus grand producteur de pétrole du monde. Les Saoudiens pompent environ 12,4 millions de barils de pétrole par jour, ce qui représente 12,7 % de la production mondiale. Et les Saoudiens vendent presque tout : peu de résidents du pays utilisent du pétrole, au contraire du plus grand producteur du monde, les États-Unis. Ces derniers, ont ravi en 2013 la première place des Saoudiens grâce au pétrole de schiste. Les Américains pompent 14,86 millions de barils par jour, 15,3 % de la production mondiale. Mais ce pétrole est en grande partie destiné à la consommation aux États-Unis.
Nouveau patron, nouvelle loi
La crise des Saoudiens est liée à l’arrivée d’un nouveau prince héritier, Mohammed bin Salman ou « MBS », comme il aime se faire appeler. MBS est le fils de Salman, l’actuel roi d’Arabie, qui a succédé au roi Abdallah en 2015. Mais Salman est âgé de 81 ans et n’est pas vraiment en bonne santé : le royaume a donc été confié à MBS.
D’autant plus qu’il était déjà ministre de la Défense, ainsi que conseiller économique et surtout l’homme fort d’Aramco, la plus grande compagnie pétrolière du pays. En juin, MBS a fait écarter son cousin Mohammed bin Nayef. Ce dernier était depuis des années ministre de l’Intérieur ; il était aussi le premier prince héritier.
Ce week-end, MBS a fait son grand ménage de printemps : soudainement, le moment était venu en Arabie Saoudite d’aborder le problème de la « corruption », même si cette dernière était la chose la plus naturelle du monde dans ce pays. Un certain nombre de membres de sa propre famille, mais aussi de grands investisseurs tels que Al-Walid bin Talal ont été incarcérés. De même, le prince Mutaib bin Abdullah, le chef de la garde nationale, a aussi fini derrière les barreaux. Tout le pouvoir est maintenant concentré entre les mains de MBS. Cela a créé des tensions : quelle est la stabilité du pays désormais ? Peut-on envisager un retour de bâton qui pourrait plonger prochainement le principal producteur dans le chaos ?
Immédiatement, le cours du pétrole a augmenté, ce qui est une bonne nouvelle pour l’Arabie Saoudite et tous les autres petits pays producteurs de pétrole. Pour l’Europe, un prix plus élevé est en revanche une nouvelle particulièrement mauvaise : il risque de faire monter le niveau de l’inflation est de porter atteint à la croissance économique actuelle. La question est de savoir si la situation peut se stabiliser rapidement chez le second producteur de pétrole mondial.
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